«On part moins en vacances, mais on est heureux avec eux» : dans l’Oise, ils sont fauconniers de père en fils

Willy Vangrevelinghe et son fils Yoann sont tous les deux des passionnés de rapaces. Buses, faucons, aigles... Il y consacrent leur vie. Fin avril, le fils va reprendre la petite entreprise familiale d’effarouchement à Carlepont.

Quand Yoann a eu 8 ans, son père lui a offert son premier rapace. « Il s’appelait Hip, c’était une buse de Harris, parfait pour débuter dans la fauconnerie, se souvient le fiston âgé aujourd’hui de 19 ans. Mon père, lui avait Hop... Pour moi, c’est devenu naturel de vivre avec des rapaces. » À la fin du mois, le jeune homme va passer son certificat de capacité d’élevage pour détenir ces oiseaux de chasse. Il pourra ainsi bientôt prend les rênes de l’entreprise familiale d’effarouchement installée à Carlepont (Oise). Mais le papa ne sera jamais bien loin.

À la fin du mois, le jeune homme va passer son certificat de capacité d’élevage pour détenir ces oiseaux de chasse. Il pourra ainsi bientôt prend les rênes de l’entreprise familiale d’effarouchement.

Car ici, le père et le fils ne peuvent se passer de leurs « petits » protégés. « Notre aigle, une forme (NDLR : le nom donné à la femelle) de 16 ans, a une envergure de deux mètres, décrit Willy, le papa. Elle vient de perdre son tiercelet, le mâle. Il a fait une crise cardiaque. Il manque beaucoup à mon fils, plus qu’à sa compagne... Elle le vit très bien. »

pièges à pigeons

Nos rapaces sont des stars

Quand Willy parle de ses rapaces, il est intarissable. Douze ans maintenant qu’il a commencé à en détenir. « Il faut un permis de chasse, suivre une formation en fauconnerie et demander une autorisation de détention, détaille le passionné. J’ai eu une autorisation pour six oiseaux. Et puis j’ai été piqué par la majesté de ces animaux. Maintenant, nous en avons onze. On a choisi cette vie. On part moins en vacances, madame a moins de bijoux, mais on est heureux avec eux... »

Dans leur immense jardin, en périphérie du village au nord de Compiègne, buses de Harris, buses à queue rouge, aigle royal, faucons lanier sont chouchoutés. Ils ont des volières tout confort, bénéficient d’une nourriture saine avec complément de vitamines et de spiruline et font régulièrement de l’exercice avec leurs maîtres.

« Un rapace est d’un naturel fainéant. Il faut le bouger, reprend Willy. On ne va jamais en forêt sans eux. Les buses de Harris nous suivent comme des chiens ! Quand on croise des promeneurs, on ne passe pas inaperçu, beaucoup veulent faire des photos, nous posent plein de questions. Ce sont des stars ! »

willy et sa buse

Des stars, mais surtout de véritables athlètes. « Ce sont des oiseaux de chasse, ils font surtout des vols libres ou des actions de chasse, expliquent le père et le fils. On les entraîne dans de grandes étendues. » Et une fois bien entraînés, les rapaces partent au travail avec leurs maîtres.

Leur mission : faire usage de leur instinct de chasseur pour faire fuir certains nuisibles comme les pigeons ou les étourneaux. « On a effarouché le clocher de notre village et nous allons bientôt intervenir à Moulin-sous-Touvent, reprennent les deux passionnés. On peut travailler sur des sites industriels ou encore dans des cultures dans un rayon de 100 km. »

«Cet oiseau m’a littéralement électrocuté»

Et à chaque rapace son domaine de prédilection. Pour faire fuir les volatiles qui abîment les édifices, père et fils utilisent des buses de Harris, véritables « Porsche » du bas vol. Le faucon lanier, quant à lui, se plaît à d’autres latitudes et est doté d’un des vols hauts les plus rapides. Lui simule les attaques. Et après plusieurs passages, les nuées de pigeons et nuages d’étourneaux finissent par plier bagage définitivement...

Quand Willy enfile son gant de fauconnier pour caresser le plumage de son aigle, il repense avec plein d’émotion à ce jour où son père avait ramené un jeune faucon crécerelle tombé au sol. « On l’avait gardé trois jours à la maison. J’étais émerveillé. Cet oiseau m’a littéralement électrocuté. Cette passion ne me quittera jamais. »

source : LeParisien
courrier picard

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